Eaux
-A Salus, qui voit à travers les taillis-
Après avoir lu l’océan,
La mare et la mer et les rus,
Bu, rebu l’eau de tous les fleuves,
Avoir, tous les ouragans, crus,
Vu, dans toutes les gouttes neuves,
Des matins sur la rosée, en
Humant, de la rive, l’effluve,
Tes mains effleurèrent les flancs
Des volcans, des vaux et des monts ;
Les thyrses des mauves lilas,
Les ors sucrés de la jonquille,
Des forêts, tous les falbalas :
Perle un plaisir, en ton œil brille
Une larme où de doux démons,
Le vaisseau de ton âme, aiguillent
Ailleurs ; feu l’if, le goémon,
Le lichen, la mousse et l’humus,
Galet, dolmen et mimosas,
Quand surgit l’image confuse,
Tu, reconnaître, l’autre, osas,
Graver d’abord la silhouette
A l’encre grasse, ombre des nus :
De sa diaphane voilette,
Surfer la lande et l’inconnu.
L’Inde et revoir cet océan,
L’amande à l’œil un brin malgache,
Une perspective où s’agace
Le vers de l’indécis péan
Dont la couleur au poumon glace
Un Nil fertile, un pur limon,
Si pur que la carte s’embrase
Et meurt –Inconnaissable Amon-,
Cantique du quantique, un ru
Nu, mu des flots d’aucun guru,
Tu roulas ton mot vers l’extase,
Comme à la neige, court la hase.