La vie en poésie
La vie en poésie, *
Mute le quotidien dans sa banalité,
Détruis, en t’acharnant, le pouvoir de ces causes
Qui, rebelle pourtant, sont ta fatalité,
Quand tu t’enchaines seul en intégrant ces clauses,
Ces petitesses d’homme et leur banalité,
Pour éclairer ta route, elles ne sont que gloses,
Telle la luciole, alors tu les imposes
Comme un remède à ta triste incapacité
A trouver la réponse à tes questions de gosses :
- Le vivant meurt, est-il une moralité ?
- Mériterai-je, moi, cette mort, alité
Ou m’en irai-je, idiot, gonflé de ces peurs grosses ?
Comme des bourgeons qui se fendillent, l’été,
A devenir des fleurs, sous elles, tu reposes
Tranquillement, ma chair, sans os, aucunes pauses
Ne flotteront au gré de ce troublant Léthé.
Jouis de la fortune et de ces mille aloses
Qui glissent dans l’espace et son infinité,
Perçois tes sens et comme ils deviennent véloces
A se jouer du terme et son absurdité ;
Saisis le mot, point de hasard, sa qualité
Te mènera loin, fors que tu ne t’ankyloses,
Ainsi, tu mourras, Frère, en toute dignité
Enfanté, bête, mais sous le parfum des roses.
* D’après le poème de Leconte de Lisle, Secret de la vie : https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Secret_de_la_vie