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Marihanama
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10 juin 2019

L'aveugle et le banyan

 

I

 

Sous les feux violents d’un midi pacifique,

Corps à même la sèche écorce d’un ficus

-Une baleine en bois, un banyan magnifique-

Aveugle, tu t’endors aux ors que tu vécus.

 

Tonitruant azur, sa source jaunifique

S’étoile en mille rus et les fleurs d’hibiscus

Sont autant de rubis quand l’image nymphique

Se livre à ton esprit vengeant tes yeux vaincus :

 

La sève dans le sang, les veines aux lianes,

Tes doigts touchent les mains de muses océanes

Qui promènent ton cœur près du frangipanier,

 

Couchent tes os lassés sous le ciel d’une hutte

Aux nuages rosés, le canaque vannier

Tresse un fil de lumière à ton âme et sa chute.

 

II

 

Sa chute dans un creek au pied du Mont Panié,

Au Tropique du Capricorne,

Sur un rocher sacré dont l’île de Kunié

Comme un des plus beaux bijoux s’orne,

 

Sa chute dans la mine ouverte de nickel

Ou plus au sud, auprès du chrome,

Dans l’eau rouge et salie au riyal, au shekel,

A l’absurdité de l’âcre homme ?

 

 

 

 

 

 

III

 

L’âme et la chute, -chut ! à Dante,

L’aveugle à la vue ascendante

Pêche sur les eaux de Yaté

A bord d’un coracle natté

La perche et son épine ardente,

 

Sur les plages de Plum, il chante

La passe, le pertuis, la sente,

A celui qui sait l’écouter,

Aime se laisser envoûter

Au gré d’un parfum qui le hante :

 

Une odeur de coprah mêlée

A l’humeur douce et vanillée

Que juste un trait de goménol

Excite, élève d’un bémol

Vers une caresse exilée

Dans le fût d’un pin colonnaire

Qu’illumine un rouge lunaire.

 

Sur un versant du Mont Koghi,

L’aveugle est dans l’œil du cagou

Qu’abrite un banyan millénaire

 

Porté par un océan qui

Par-delà la barrière, cou,

Lui tranche le goût d’éphémère.

 

 

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