La ducasse

Sur la place, deux fois par an, c’est la kermesse
Ou la ducasse –ici, c’est le septentrion-
Et dans le train-fantôme, j’en fais la promesse,
Je jure par les hormones de ma jeunesse,
Je lui dirai le chant qui mène à l’Orion.

Pour elle, j’irai jusqu’à percer la baudruche
Des trois ballons qui nous sourient, comme un défi ;
L’année dernière encore timide et trop truche,
Penaud, tremblant, triste, dégingandée autruche,
Je ravalais les sentiments dont je fis fi.

Des guimauves et des chouchous, tu seras reine :
Qu’une gaufre au hasard laisse un sucre glacé
Ou qu’un éclair gourmand dépose un peu de crème
Sur le bout de ton nez ; qu’un courage me prenne,
Que j’ose un si doux coup de langue bien placé.

– Tournez, tournez, petits bolides, c’est la fête !
Dans une auto-tampon, ta tête sur mon cœur
Qui va si vite, à notre tempe, une fauvette
Nous chante l’inédit refrain qui mène au faîte
D’un manège d’amour sans fin filant sans peur.