Paréophanie
Te pares-tu parfois de l’étoffe bleu-nuit
-Pacte, offrande d’amour et canaque coutume- ?
Te fardes-tu de soie, de léger lin, costume
Où l’océan se tut, le ciel s’évanouit ?
Ce paréo ceint-il de caresses tes hanches
-Plaines, rus et vallées vers le Motu Nui- ?
De mes mains, ces instants glissent en avalanches
Si loin souvent je pense être un bout de tissu
Qui, posé sur ton cœur, écoute à son insu
Les rêves sur notre île où nos regards se penchent,
Clignent, signent, dessinent l’émoi des lents jours :
Ne compte que le khôl qui coule au gré des sentes,
Eclaire d’un jet noir le parfum des passantes
Garnies de Gardénias, d’éblouissants ajours,
Lumière et chas et chair, interstice, sagette
Que ce tissu sertit sur ta peau pour toujours,
Transfixe mon âme et dans l’infini la jette
Aux morsures du temps, au baume qui guérit
De l’absurde plaisir qui meurt et qui périt
Evince, broie la vie la rend vide et abjecte